Jacob Reuven: Mandoline et Danse Moderne
Par Jean Comeau
Que l’on soit passionné de musique ou amateur occasionnel, on peut être assuré de trouver sur Internet quelque chose pour calmer son appétit d’expériences nouvelles. Malheureusement, dans le fatras des vidéos, on trouve le meilleur et le pire. Parfois, démocratie rime avec délire obsessionnel. Mais, si la chance décide de nous sourire, on peut tomber sur une perle comme celle-ci.
J’ai bien dû passer cette vidéo des dizaines de fois depuis que je l’ai découverte et toujours en me demandant d’où me venait cette fascination. Pourquoi est-on parfois littéralement séduit par une prestation ? Chacun a sans doute sa réponse bien personnelle mais je crois que, pour plusieurs, le secret de cette séduction insidieuse tient dans cette espèce d’accumulation de pierres précieuses patiemment ciselées qui s’organisent pour nous composer un splendide diadème.
Si on s’arrêtait un moment pour évaluer ce que représente cette performance d’artistes ? C’est bien connu, il faut aller au-delà de la première impression pour comprendre la force d’une création. Tout d’abord, admettons que la prestation de Jacob Reuven tient du prodige.
Né en Israël en 1976, Jacob Reuven a commencé son apprentissage de la mandoline à l’âge de 8 ans et s’est rapidement distingué sur la scène internationale en jouant avec des orchestres comme le Israel Philharmonic Orchestra, Jerusalem Symphony Orchestra, Israeli Sinfonietta, Israel Chamber Orchestra ainsi que le Twenty First Century Ensemble. Il a joué sous la direction de chefs aussi réputés que Zubin Mehta, Mstislav Rostropovitch, Antonio Pappano, Mendi Rodan et Zsolt Nagy.
On devine la somme colossale d’efforts que l’artiste a dû déployer pour en arriver à ce niveau de virtuosité. Former un tel interprète, c’est l’histoire de toute une vie. Et cette vie, elle n’est pas toujours simple, surtout quand on travaille un instrument essentiellement soliste. L’étudiant mandoliniste ne peut compter, comme c’est le cas pour bien des instruments, sur les débouchés qu’offre l’orchestre ; le mandoliniste est essentiellement soliste et doit donc se former avec, en tête, des objectifs d’excellence supérieurs. Cette solitude du musicien qui doit à lui seul combler tout l’espace sonore, elle est manifeste dans la vidéo. Voici comment Jacob Reuven décrit son travail.
Mandolin in Modern Dance nous présente également le travail exceptionnel de la chorégraphe Sally Anne Friedland. De formation classique, elle est originaire d’Afrique du Sud. En 2002, elle fonde, en Israël, le Drama Dance Company. À l’image de ce que l’on voit dans la vidéo qui nous intéresse, son travail est très moderne et, on pourrait dire, très audacieux. La communication entre les danseuses et le mandoliniste est telle qu’on pourrait croire qu’il s’agit d’une séance d’improvisation malgré le fait que le produit fini soit trop parfait pour qu’on ait laissé place à quelque hasard que ce soit. On peut entendre Sally Anne Friedland parler de son travail dans l’entrevue que voici :
Voilà donc les portes que m’ouvre Mandolin in Modern Dance. On nous offre, en un peu moins de quatre minutes trente, tout un univers de virtuosité, d’émotions variées et de découvertes d’artistes hors du commun. Ce sont des expériences musicales comme celle-ci que j’appelle des « accumulations de pierres précieuses patiemment ciselées qui s’organisent pour nous composer un splendide diadème.»
Jean Comeau - Mando Montréal